vendredi 11 juillet 2014

"Baudelaire" de Jean-Paul Sartre.
Lu avec des pincettes.
Quelques notes tout de même:

p24
...Ce "naturel" que Baudelaire a tant haï et tant regretté, il n'existe pas du tout chez lui: tout est truqué parce que tout est inspecté, la moindre humeur, le plus faible désir naissent regardés, déchiffrés. Et, pour peu qu'on se rappelle le sens que Hegel donnait au mot d'immédiat,on comprendra que la singularité profonde de Baudelaire c'est qu'il est l'homme sans immédiateté.

p43
Et Baudelaire, qui hait l'homme et la "tyrannie de la face humaine" se retrouve humaniste par son culte de l’œuvre humaine.

p77
A rien de ce qu'il pense, à rien de ce qu'il sent, à aucune de ses souffrances, à aucune de ses grinçantes voluptés, Baudelaire ne croit tout à fait: c'est peut-être là sa véritable souffrance......Il faut plutôt concevoir que les sentiments de Baudelaire ont une sorte de vide intérieur. Il tente par une frénésie perpétuelle, par une extraordinaire nervosité, de compenser leur insuffisance. Mais en vain: ils sonnent creux....Si nous pouvions...descendre tout au fond de son cœur, peut-être y trouverions-nous, sous les angoisses et les remords, sous le frémissement des nerfs, douce et plus insupportable que les maux les plus pénibles, l'Indifférence.

p101
...il redoute la nature comme réservoir de splendeur et de fécondité et lui lui substitue le monde de son imagination: univers métallique, c'est-à-dire froidement stérile et lumineux.

p109
...Le froid c'est lui-même, stérile, gratuit et pur.....chaque objet froid lui renvoie son image...la froideur: elle s'est identifiée au métal poli mais aussi à la pierre précieuse...Le blanc est la couleur du froid...C'est pourquoi la lune devient l'emblème de la frigidité; cette pierre précieuse, isolée dans le ciel, tourne vers nous ses steppes crayeuses, fait tomber sur la terre, pendant les froids de la nuit, une lumière blanche qui tue ce qu'elle éclaire.

p137
Voilà qui sent plus le pédéraste que le dandy.

p139
...il est affreusement timide...

p146
...il poursuit l'idéal impossible de se créer lui-même.

(pourquoi impossible????)

p168
Il aurait horreur de monter en plein ciel, en laissant au-dessous de lui les biens de la terre; ce qu'il lui faut ce sont ces biens mêmes, mais pour qu'il les méprise, la prison terrestre, pour qu'il se sente perpétuellement sur le point de s'en évader: en un mot l'insatisfaction n'est pas une aspiration véritable vers l'au-delà mais une certaine manière d'éclairer le monde.