lundi 24 février 2014

p651
...ce qu'il y a de spécifiquement français chez lui: la rogne. Elle voit en lui le révolté...maniaque, révolté contre sa propre impuissance, et qui le sait...
Les lecteurs de B. sont des hommes. Les femmes ne l'aiment pas. Pour les hommes, il décrit et transcende le côté ordurier de leur vie pulsionnelle. Si l'on va plus loin, vu sous cet éclairage, la passion de B. est pour nombre de ses lecteurs le rachat de certains aspects de leur vie hormique

(à mettre en regard avec mon analyse "positive" de "à celle qui est trop gaie"...l'amour qui sauve)

Les mots sont chez lui des voiles.




A celle qui est trop gaie

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !


Une analyse:
(sauf que les "lèvres nouvelles" sont à envisager d'un point de vue sexuel...)

voir aussi Causerie et Le Vampire